Road trip en Irlande & au Royaume-Uni - Jour 10

Pine Island, Derryclare Lough

Lundi 10 juillet  - Jour 10

Sligo - Aghagower - Letterfrack - Derryclare Lough - Loughrea

273 km

Nous quittons notre hôtel hanté après un très bon petit-déjeuner mais pris dans une ambiance chaotique. Un monde fou, des parents qui laissent leurs enfants faire n'importe quoi, des personnes âgées qui vous poussent littéralement au buffet... vite sauvons-nous!

Aujourd'hui nous avons pas mal de route de prévu mais avec des étapes merveilleuses, du coup nous sommes tous très excités. Nous commençons par faire une halte au petit village d'Aghagower. Il se situe sur le chemin de pèlerinage Tóchar Phádraig et est, de ce fait, très lié à l'histoire de Saint Patrick. Il y aurait séjourné et c'est lui qui y aurait fait construire la première église. Aghagower a subi de nombreuses attaques au Moyen-Age et la quasi totalité de sa population a été décimée pendant la Grande Famine au XIXème siècle. L'église jouxtant le cimetière est dotée d'une tour ronde dans laquelle on peut rentrer. Elle est datée du Xème siècle et servait essentiellement à la défense contre les Danois. Selon la légende, son chapeau lui aurait été arraché par la foudre, il aurait atterri plusieurs kilomètres plus loin au pied d'une colline, et c'est une femme qui l'aurait rapporté sur son dos.

Aghagower

Aghagower

Terre brûlée au vent, des landes de pierre, autour des lacs c'est pour les vivants, un peu d'enfer le Connemara... Eh oui, nous pénétrons enfin dans la célébrissime région du Connemara, immortalisée par un certain Michel. Bon autant vous le dire, nous allons avoir la chanson dans la tête tout le temps que nous y resterons et même après quand nous en reparlerons. D'ailleurs, à l'heure où j'écris je la fredonne et je suis sure que vous aussi. Quelle magie que cette mélodie et quelle magie que ce lieu quand même. 

Notre première objectif est de photographier la célèbre Abbaye de Kylemore. Comme nous avons décidé de faire l'impasse sur cette visite, nous aurions aimé un joli spot pour la capturer de loin. Bon il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent, alors vous l'aurez de loin prise depuis le pont digue que nous allons traverser par trois fois. Bah quoi! On ne peut pas tout faire hein 😄 Aujourd'hui, le gros morceau c'est la randonnée et l'ascension du Diamond Hill.

Le Diamond Hill est une montagne de la chaîne des Twelve Bens, il y a plusieurs sentiers de randonnée en fonction des difficultés : vert, jaune, bleu et rouge. Nous nous garons assez loin car il y a pas mal de monde sur le parking, nous nous rendons à l'accueil. Nous expliquons que nous voulons faire la rouge car on est des warriors (ça on ne l'a pas dit 😂). La dame nous dit que le dernier quart de ce circuit est très raide et pense que ce ne sera pas possible avec les enfants, mais que si on veut le tenter quand même il faut entre 2h30 et 3h aller retour que cela nous fait environ 7km. Bon nous, on a décidé de rester sur notre envie on verra bien, sinon on rebroussera chemin.

Dès les premiers pas Luczian râle il en a marre de marcher il veut jouer à l'aire de jeux en bas. Ca commence bien. Du coup, deux idées lumineuses me passent par la tête. Je ressors le bon vieux coup du chantage : "si on fait la rando, après vous pourrez jouer 1h à l'aire de jeux" (je sais je sais c'est moche). Ensuite je trouve une solution de contournement qui fonctionne bien avec les enfants autistes : les objectifs clairs. Je décide de mettre en place des étapes et des paliers auxquels nous nous arrêterons pour faire des pauses. Je recherche donc sur le chemin des points stratégiques : une grosse pierre, une avancée, un banc, un cromlech... Ca marche bien. Nous faisons une grosse pause déjeuner à l'intersection entre les chemins bleus et rouges et nous voilà partis dans l'enfer de l'ascension. 

Je vous le dis tout de suite, rebrousser chemin est risqué car la partie qu'on est censée monter est bien plus abrupte et escarpée que celle par laquelle nous devons redescendre après. Nous croisons tout de même des adultes qui renoncent. Le vertige commence à fortement me gagner, les pierres deviennent glissantes car on prend peu de pluie, parfois le parcours se rétrécie et il faut grimper par des escaliers très instables. Luczian est guidé par son père car je n'arrive plus à gérer mon angoisse et le petit. Ailann lui grimpe comme un chat, il est toujours en avance sur nous loin devant, ah l'adolescence et son besoin d'évasion... Les derniers mètres sont chaotiques, je dois m'assoir je suis en angoisse totale, la seule tactique que je trouve, retirer mes lunettes, la myope que je suis aura moins cette impression de vide, et ça marche! Ca permet à Ben et Luczian de nous rejoindre. Luczian chouine qu'il en a marre mais il découvre qu'on est arrivés en fait et là il retrouve la joie instantanément et se remémore mon chantage passé, pas folle la guêpe. 

Au sommet, c'est une crête mais ils ont pensé à y aménager un petit sentier. Il faut encore passer 3 petits monts pour arriver de l'autre côté et entamer la descente. Je suis très fière de mes enfants car Ailann a des soucis de faiblesse du côté droit à cause d'un oeil paralysé et Luczian qui est autiste a des soucis de psychomotricité. Ils ont réussi là où pas mal d'adultes ont renoncé. Toute la famille se la pète un peu quand des gens nous disent "bravo" en voyant nos enfants réussir et c'est la fleur au fusil que nous descendons. Au départ, on passe par des escaliers faits avec des grosses pierres il faut être vigilants, mais ensuite c'est un sentier en pente douce avec des petits graviers et des pontons qui surplombent les tourbières. Il nous aura fallu en tout 17 paliers mais nous n'aurons mis que 3h, alors pas mal non? 

Les vues depuis le Diamond Hill sont à couper le souffle du début à la fin, très dépouillé et exposé au vent côté montée, très vert et moelleuse côté descente. Je vous recommande vivement de faire cette randonnée et si vous en avez le courage, de prendre le sentier rouge qui vaut vraiment le coup. 

Evidemment, chose promise chose due. Nous nous installons aux tables de pique-nique pour le goûter et les enfants jouent un long moment dans les jeux. Je déplore une nouvelle fois le manque de poubelle, cela me fait rager.

Arrivée dans le Connemara & Abbaye de Kylemore

Diamond Hill

Nous sommes bien claqués, du coup la fin de journée sera plus cool. J'ai envie de voir le Derryclare Lough et sa très photogénique Pine Island. Pour nous y rendre, il faut longer le magnifique Inagh Lough et slalomer entre les moutons, car, sur cette route, ils sont rois. Evidemment, l'affaire tient en haleine les enfants, qui lâche les consoles de jeux pour informer leur père des divers obstacles laineux.

Le GPS nous fait tourner dans une route privée, on voit pas mal de voitures aller et venir, du coup on s'engage. Il s'agit d'une route très cabossée avec des zones de bûcheronnage pas très rassurant on y va tout doux. Arrivés au bout, on tombe sur un grand bâtiment avec une dame devant. On lui pose la question de comment se rendre à Derryclare Lough. La pauvre femme semble blasée en nous expliquant que Google Map fait toujours tourner les gens chez elle par erreur. Bon elle est gentille et nous explique comment nous y rendre.

Lorsque nous arrivons, nous en prenons plein les yeux, le lac noir, les nuages tourmentés au dessus, le soleil qui tente des percées, c'est juste incroyable! Ailann préfère rester dans la voiture, avec Ben et Luczian nous voulons tenter de gagner la Pine Island à pied. Bernard est de la partie ce jour-là, il a envie de se dégourdir les patets. Il faut être un peu sportif pour ne pas tomber dans l'eau car le petit chemin goudronné est complètement défoncé et a, par moment, totalement disparu. Nous sommes les seuls téméraires à le faire. Pour ma part, il me faudra l'aide de Ben qui portera aussi Luczian sur son dos, c'est top d'avoir un homme fort avec soi 😍

Après cette merveilleuse journée, il est temps de prendre nos quartiers à l'hôtel Loughrea. Nous retrouvons garé devant, notre bus d'allemands mal polis de la veille, malheur, ils nous suivent 🤣 Un autre bus arrive, des français cette fois, nous échangeons un peu avec le guide qui est un irlandais mais parfaitement francophone. Bon, certains passagers ne sont pas plus aimables que leurs homologues allemands, on stoppe vite la tentative d'approche. L'accueil est charmant malgré le rush et notre chambre, waouh! Une grande suite avec balcon et dans la salle de bain douche + baignoire. La literie est l'une des meilleures que je n'ai jamais rencontrée de ma vie. Du coup, pas envie de sortir, on se fait livrer un room service. Au menu : risotto de champignons et beignets de champignons pour moi, soupe de fruits de mer & jarret d'agneau pour Ben, pâtes à la sauce tomate pour Luczian et nuggets maison pour Ailann.

Route qui longe le Inagh Lough

Pine Island au Derryclare Lough

Loughre Hotel & Spa